Actuellement, près de 25 langues caribes sont encore parlées, dans une zone s'étendant approximativement depuis le centre du Brésil, vers les trois Guyannes, le Venezuela et la Colombie. Dix de ces langues sont pratiquées au Venezuela : le japreria, le kapón (ou akawayo), le kari’ña, le makushi, le mapoyo, l'eñe’pa (ou panare), le pemón (ou arekuna, kamarakoto, taurepan), le yawarana, le ye’kwana/de’kwana et le yukpa. Les langues caribes du Venezuela sont parmi les moins bien décrites, et, par voie de conséquence, sont parmi les plus difficiles à classifier à l'intérieur de la famille. Malgré le manque de données lexicales solides publiées, Gildea (2003) a proposé qu'une unité génétique dénommée 'branche venezuelienne', composée de 10 langues, soit identifiée sur la base de trois innovations phonologiques, une innovation lexicale et sept innovations grammaticales qui sont partagées, à différent degrés, seulement par ces langues parlées actuellement et historiquement au Venezuela. Un certain nombre de ces caractéristiques n'ont pas été observées dans plusieurs langues à la fois, sans qu'il soit possible de préjuger de leur existence ou de leur absence, dans la mesure où ces langues n'ont pas été décrites suffisamment en détail.
Mattéi-Muller (2002, 2003) a immédiatement testé les propositions de Gildea à la lumière de données non-publiées qu'elle avait collectées par du travail de terrain sur nombre de ces langues. Elle a ainsi contribué a apporter des modifications à ces hypothèses, agrégeant deux nouvelles langues à cet ensemble, et plaidant pour l'exclusion du Ye'kwana, ce qui réduisait à neuf le nombre de langues de la branche. Depuis lors, la seule nouvelle évaluation de cette hypothèse provient du Ye'kwana, langue pour laquelle Cáceres (2011) a montré qu'elle partage non un seul, mais cinq des critères de classification dans la 'branche venezuelienne'. Ces découvertes contribuent à bousculer la façon de concevoir la branche vénézuélienne, soulignant l'importance du travail descriptif dans les autres langues caribes du Venezuela, et, plus encore, elles témoignent de l'urgence de constituer un groupe collaboratif de linguistes travaillant actuellement sur des projets de description.
Au cours de cette conférence, deux journées seront consacrés aux présentations des participants sur certains aspects du lexique, de la morphosyntaxe ou de la documentation ou revitalisation des langues sur lesquelles ils travaillent. Ces présentations se dérouleront en espagnol, de préférence, mais également en français, en portugais ou en anglais si nécessaire.
Les trois jours restant seront employés à des ateliers de linguistique comparative caribe (en espagnol). Lesdits ateliers seront centrés sur l'analyse du lexique puis de la morphosyntaxe, puis seront consacrés à des outils informatiques pour l'analyse de données textuelles et comparatives.